La technique de l’appel du pied permet de masquer des messages politiques extrêmes, inacceptables, souvent racistes, derrière des formules d’apparence inoffensive. Pour le professeur américain Ian Haney López, les effets sur le débat public sont dévastateurs.
Depuis quelques jours, votre campagne bat de l’aile. Les élections approchent et les sondages vous placent bon dernier. Vos discours enflammés n’y changent rien. Il faut réagir. L’un de vos conseillers en communication a une idée : et si vous alliez piquer des voix à l’extrême droite ?
La cible visée comprend instantanément
C’est que les débats sur l’insécurité, l’islam et l’immigration ont souvent plus d’impact que ceux sur l’état des routes et du déficit public. Mais il ne s’agirait pas d’apparaître comme un opportuniste, raciste qui plus est. Votre cador bardé de diplômes vous propose donc d’inclure dans votre prochain meeting un dog whistle (“sifflet à ultrasons”). Cette technique s’apparente à du langage codé : il s’agit de s’attirer les faveurs d’un groupe spécifique sans éveiller les soupçons du reste de votre auditoire, ni créer de polémique générale.
Pour flatter votre cible, n’attaquez donc pas « les juifs » mais préférez le terme « dragons célestes », en référence à l’élite qui gouverne le monde imaginaire du manga One Piece. Lors d’une interview télévisée, moquez votre interlocutrice en faisant référence à un mème viriliste très apprécié de...