Cet automne, j’ai assisté à une conférence qui a ébranlé la perception que j’avais de moi-même en tant que démocrate pure et dure.
Le conférencier, Archon Fung de l’Université Harvard, nous a invités, moi et les 400 autres journalistes réunis, à identifier les cinq enjeux politiques qui nous tiennent le plus à cœur. Pensez à des sujets de l’ordre des changements climatiques, du contrôle des armes à feu, de l’immigration mondiale, de la survie du système de santé, de la redistribution de la richesse ou du sort de la culture québécoise et de la langue française.
Pensez à ce qui vous empêche de dormir parfois.
Le politologue américain, directeur du Centre Ash pour la gouvernance et l’innovation démocratique, nous a ensuite demandé de répondre à la question suivante : pour combien de ces cinq enjeux êtes-vous prêts à accepter que le camp politique opposé au vôtre soit celui qui ait le dernier mot ? J’avoue que le chiffre que j’avais en tête n’était pas très élevé. Laisser le sort de la planète à un climatosceptique ? Au secours, ai-je pensé.
« Si vous avez répondu un ou deux, vous n’êtes pas un démocrate, vous être un justice authoritarian, un autoritaire de la justice », a alors dit le professeur Archon Fung à son auditoire aux yeux ronds comme des 25 cents.
Comment définit-on les « autoritaires de la justice » ? « En gros, ce sont des gens qui n’ont pas la volonté de faire des compromis, de laisser aller l’idée qu’ils se font de la justice pour s’incliner devant un processus démocratique qui ne va pas dans le sens qu’ils aimeraient », explique le politologue, qui s’intéresse particulièrement à la démocratie américaine.