INTERVIEW – En marge des premières Rencontres des maires d’Occitanie, le 9 mai à Montpellier, initiées par la présidente de la Région Occitanie Carole Delga, Jean-Marc Vayssouze-Faure, maire (PS) de Cahors et président de l’Association des Maires et des Présidents d’intercommunalité d’Occitanie, partenaire de l’événement, donne la température du corps des élus dans les territoires occitans…
Jean-Marc Vayssouze-Faure, maire (PS) de Cahors et président de l’Association des Maires et des Présidents d’intercommunalité d’Occitanie. (Crédits : DR)
LA TRIBUNE - Que sont venus chercher les maires à l'invitation de la présidente de la Région Occitanie Carole Delga ?
Jean-Marc VAYSSOUZE-FAURE, maire (PS) de Cahors et président de l'Association des Maires et des Présidents d'intercommunalité d'Occitanie - Ils sont venus chercher un lien directe avec la présidente et les élus de la Région, des informations sur les politiques menées par la collectivité qui ne s'en tient pas qu'à ses compétences premières puisqu'elle est obligée, aujourd'hui, de venir sur des sujets où l'Etat est défaillant, comme la santé, la sécurité, le logement... Ces questions ont un impact direct sur les territoires et les maires ont besoin d'informations. Ils viennent chercher l'aide et l'accompagnement de la Région, qui sont précieux, sur leurs projets.
La méfiance des Français pour les politiques, en tout cas pour la façon de faire de la politique, touche-t-elle les maires, dont on observe un mouvement de démission ?
C'est vrai que les démissions de maires touchent aussi l'Occitanie (il ne donne pas de chiffres précis, NDLR), pour diverses raisons, certains n'ayant pas mesuré l'enjeu, l'engagement et la disponibilité que cela demande. Il y a aussi une responsabilité de plus en plus grande et la réglementation ne nous aide pas : on se retrouve avec des contentieux de plus en plus nombreux. Pourtant, il y a toujours l'envie, le maire veut être à la hauteur de la mission qui lui a été confiée. Je ne suis pas alarmiste mais il est temps de lui faire un peu plus confiance. Tout plaide aujourd'hui pour des actions au niveau local : on est dans une succession de crises qui ne vont pas s'arranger, nous avons la responsabilité de les résoudre mais je ne crois absolument pas qu'on puisse faire passer des décisions d'en haut, par brutalité et par force. On a besoin d'élus sur le terrain pour lancer des politiques qui ne sont pas toujours faciles, comme le changement climatique ou la problématique de la ressource en eau. On a la chance d'avoir ces 35.000 communes, ces habitants engagés. La commune est une école de la démocratie extraordinaire ! Le niveau de confiance vis à vis des maires est plutôt en progression, contrairement aux autres élus. C'est l'éloignement qui pose difficulté. On le voit avec l'Europe : ce qui pose problème, ce ne sont pas les grands idéaux de l'Europe l'Europe de la paix, les échanges, mais la bureaucratie, la façon dont on prend et fait passer les décisions. La réactivité appelle de la proximité et en particulier dans l'action publique, à partir du moment où tout le monde travaille ensemble et non en silo, y compris les citoyens ! La responsabilité des élus aujourd'hui n'est pas d'être fermés sur leurs compétences mais d'être en capacité d'organiser une cohérence de l'ensemble des acteurs du territoire et de les faire travailler ensemble.
Justement, comment faire vivre une démocratie plus participative ?
Ça passera forcément par les gens engagés sur le terrain : les élus mais aussi les associations qui ont un rôle fondamental. On a longtemps pensé qu'elles étaient trop fragiles mais ces petites associations comptent des gens engagés au service d'une cause. Je secoue parfois les élus en les invitant à s'ouvrir à cette démocratie locale. Aujourd'hui, la démocratie est menacée, et on pense parfois à tord qu'elle est éternelle. C'est un bien extrêmement précieux. La démocratie, c'est aussi la démocratie locale, la démocratie sociale, et il faut préserver l'ensemble si on veut préserver ce système qui est quand même le meilleur des systèmes.