Toute l’œuvre du philosophe est traversée par l’idée d’«égalité des intelligences». Il publie aujourd’hui «Les voyages de l’art», un essai stimulant au carrefour de la politique et de l’esthétique. L’occasion de revenir avec lui sur sa vision d’une démocratie directe.
Jacques Rancière est un philosophe exigeant qui ne ménage pas son lecteur. «Il n’y a rien à «comprendre» dans mes textes», lançait-il dans Les Mots et les Torts. Par-delà la boutade, pour ce philosophe qui a très tôt choisi son camp parmi les prolétaires, l’égalité des intelligences – thème cardinal et transversal dans son œuvre – n’est ni une idée platonicienne ni une pompeuse spéculation. C’est un axiome, une hypothèse, un impératif catégorique qu’il n’a cessé de s’appliquer à lui-même et à jauger à l’épreuve du réel. Bref, quand Jacques Rancière écrit, il s’adresse à des égaux.